RSS Feed

‘mémoires’ Category

  1. Et dans l’éternité, je ne m’ennuierai pas

    novembre 11, 2014 by Jacques Deruelle

    et dans l'éternité couv

    A l’opposé  des ténors de la littérature mondaine qui plaisent aux médias en tant que relais de la pensée dominante, érigés en experts polyvalents de la vie sociale économique ou politique, il est des érudits qui ne se posent pas en sphinx, jamais pédants mais toujours convaincants  comme interprètes authentiques d’une passion première désintéressée. De savants esprits qui tel le physicien Georges Charpak, s’attachent à la transmission pédagogique de l’esprit critique plutôt qu’à la reproduction altière d’une classe sociale privilégiée. Si les mémoires forment un merveilleux outil de communication pour le présent et le futur,  parfois genre littéraire à part entière (Chateaubriand), ou  piédestal offert à la postérité (Las Cases), ou encore témoignage sur l’état de la société (Saint Simon) voire à but historique (De Gaulle), le livre de souvenirs de Paul Veyne « Et dans l’éternité, je ne m’ennuierai pas » a des visées plus simples, sans doute inspirées de ses propres travaux d’historien de la  Rome antique fécondés à la source de matériaux les plus divers (annales, épigraphes, livres de comptes…),  témoigner d’un parcours accompli en surmontant l’épreuve du temps, dans la fidélité aux engagements pris vis à vis de soi-même, révéler en somme la construction de l’identité d’un savant et planter ainsi une graine dans le jardin de la mémoire collective!

    L’amour du passé lointain né de la découverte d’une pointe d’amphore romaine et des récits mythiques d’Homère sera le moteur de son élan vital, Paul Veyne à l’âge de treize ans décide in petto de se consacrer à l’érudition, indifférent à l’opinion d’autrui,  peu intelligent selon sa mère,  excentrique selon ses camarades et affligé d’une malformation congénitale du visage qui aiguisera sa sensibilité aux formes d’exclusion sociale de son temps comme l’homosexualité. Dans l’adversité d’une famille de commerçants enrichis et pétainistes, le jeune homme se forge une ambition d’historien fuyant la destinée d’une vie plate, insignifiante, leçons tirées de deux ouvrages opposés, la chartreuse de Parme et l’éducation sentimentale.

    A l’école normale supérieure,  ce latiniste passionné s’approprie le cadre théorique nécessaire à la compréhension du  brouillamini des événements passés, prend ses distances avec l’approche académique de ses maîtres qui jaugent l’Histoire à l’aune des grandes dates et règnes et pratique le décloisonnement scientifique en éclairant la matière de la connaissance de l’ethnologie, de l’économie ou de la sociologie,  enfin adhère au parti communiste pour s’engager tel un résistant dans une éthique de défense du prolétariat dans les années cinquante. En amitié aussi, il demeurera fidèle à George Ville futur conservateur du musée du Louvre, au poète René Char dont il connaît par cœur les œuvres,  à Michel Foucault philosophe du relativisme et de la tolérance, pour qui les vérités d’une époque donnée en matière de folie, d’amour, de gouvernement de punition ou de médecine perçues à tord comme des invariants, se modifient dans le temps ainsi que les normes et les interdits. A l’entrée des chars soviétiques à Budapest en 1956, le militant communiste demeuré silencieux en cellule et finalement étranger aux travaux, quitte le parti, relatant aussi avec humour, une expérience avortée de  posture révolutionnaire: un soir de manifestation pour la défense de la République en 1958, poussé par la foule qu’il a efficacement harangué, à marcher sur l’Élysée, il prend la fuite…

    Paul Veyne aima instruire autant qu’il s’instruisait  sans jamais appartenir à aucune chapelle, pas même celle de Raymond Aron qui facilita son admission au Collège de France. Homme libre, il chérit aussi particulièrement la montagne, cet univers de la verticalité, stupéfiant parfois ses étudiants pendant l’inter-classe de ses exercices de suspension d’une main dans le vide, au balcon du dixième étage de la faculté d’Aix, alpiniste moyen et intellectuel « n’aimant pas la bagarre mais sans peur du danger ». L’ouvrage abonde en anecdotes piquantes reflétant un lettré passionné, sans vanité, calcul ou forfanterie. La conclusion intimiste aborde sincèrement la question de l’amour conjugal et ses démêlés. Un témoignage souvent poignant comme un éclairage particulier sur des pratiques sociales qualifiées d’amoureuses ou de sexuelles selon l’idéologie mobilisée et en tous cas illustration spontanée des dissensions de la conscience et reflet de la condition humaine. Quand le récit s’achève, vient le très grand désir de découvrir l’œuvre consacrée à la Rome antique ou au Christianisme…

    et dans l'éternité

     

     

     

     

     

     

     

     

     


     

    Download PDF

  2. Auschwitz et après

    février 3, 2014 by Jacques Deruelle

    une connaissance inutile: aucun de nous

    Durant la seconde guerre mondiale, cent soixante deux mille français furent déportés dont soixante seize mille au titre de la «solution finale» visant l’extermination pure et simple d’une catégorie ciblée de la population. De Janvier à Mai 1945, trente six mille survivants dont deux mille six cent rescapés de la politique raciale furent libérés des camps de concentration et d’extermination. Tel est l’effroyable bilan de la politique d’exclusion menée par la grande Allemagne sur notre territoire avec le concours actif des autorités et services publics français!

    Parmi les déportés de la répression rapatriés en France, une assistante de théâtre issue de l’université populaire, Charlotte Delbo. Entrée en résistance avec son mari Georges Dudach au sein du réseau dirigé par le philosophe Georges Politzer, Charlotte Delbo jusqu’alors assistante de Louis Jouvet contribue dès 1941 à la diffusion de tracts et d’une revue clandestine la pensée libre qui deviendra les lettres françaises, un hebdomadaire de Paul Nizan et d’un groupe d’intellectuels du parti communiste.

    une connaissance inutile portrait georges dudasch

    Les membres du groupe Politzer sont arrêtés en Mars 1942 par les brigades spéciales, organe de la police de Paris spécialisé dans la traque des juifs et des communistes. Les hommes seront torturés et fusillés au mont Valérien, les femmes, déportées à Auschwitz comme nuit et brouillard, ces prisonnières politiques destinées à disparaître. Charlotte qui avait fait profession de contribuer à faire vivre les plus belles pièces et les plus beaux mots de la langue Française subira l’enfer d’Auschwitz du 24 Janvier 1943 au 7 Janvier 1944 puis celui de Ravensbrücke jusqu’à sa libération le 23 Avril 1945 par la croix rouge Suédoise.

    «Aucun de nous ne reviendra», écrit en 1946 n’est publié par Charlotte Delbo que vingt ans plus tard, suivi d’«une connaissance inutile» et «mesure de nos jours», une trilogie sur les camps et l’après, récit d’un long voyage vers l’épouvante sous forme d’impressions couchées au fil de la mémoire évoquant la souffrance collective (livre premier) l’expérience tragique de l’auteure et d’un cercle de françaises (livre second), l’épreuve du retour à la vie normale des miraculées (livre troisième).

    une connaissance inutile

    La tragédie est évoquée dans toutes ses composantes; dès le départ, premiers hurlements, coups de sifflets, premiers coups de cravache pour l’entassement des traquées dans les wagons, jeunes ou vieilles, lettrées ou modestes, le voyage debout parfois assis, un seau inutile, puis l’arrivée au camp en Silésie polonaise annexée à la grande Allemagne, en colonne, les ordre éructés, prisonnières réduites à rien, réduites à néant, un camp de travail, un bagne plutôt de la pire espèce, 12 à 14 heures de travail par jour, à la carrière, au terrassement, sous l’œil du SS, user son peu de force, s’affaiblir et mourir sous les coups de bâton, la morsure du chien ou la sélection, le transport noir en camion vers la chambre à gaz, pour faire de la place aux nouvelles déportées, la chair vive, deux à trois par planche dans les blocs, pour un sommeil réduit à rien, l’appel en pleine nuit qui dure trois heures et plus s’il plaît aux SS, au garde à vous, immobiles, sous la menace des coups de bâton ou de poings pour celles qui flanchent, l’hiver par moins vingt, en sabots ou pieds nus, la peur omniprésente, les mortes de la nuit mises en tas dans la cour, nues, une jambe ou un bras qui dépasse, la peur du sadisme des SS et des kapos, du chien qui arrache les chairs sur ordre, du coup de feu qui abat celle qui n’a pas compris l’ordre, la dysenterie, la faim toujours, la tuberculose, les œdèmes, le typhus, la soif encore, la vermine, la crasse sur soi, partout la souillure, déportée ici pour donner ce qui reste de sa force de travail pour quelques semaines, ou quelques mois avant de s’éteindre ou de périr éliminée, écrasée.

    La résistance dans ces lieux maudits n’avait plus aucun sens pour ces corps meurtris décharnés, des numéros étiquetés d’une étoile ou d’un triangle, ces détenues hagards cernées par la haine des tortionnaires, enveloppées par l’odeur du crématoire (un deuxième four qui explosera un jour, sera construit pour accélérer les cadences), hantées par l’accumulation des cadavres. La résistance dans les camps, c’était tenter quelques gestes de solidarité, dire adieu à celle qui va mourir dans la journée au risque de sa propre vie, se priver de pain pour celle qui meurt de faim, de l’infâme breuvage pour celle qui meurt de soif, consoler la camarade qui souffre sans pouvoir se soigner au revier, l’antichambre de la mort, ou encore lutter intérieurement pour conserver quelques souvenirs de l’autre monde, les mots d’une pièce de théâtre ou le phrasé d’un poème, vivre enfin et surtout une heure encore, un jour de plus pour éloigner de soi le destin commun à toutes, l’échéance vers la mort.

    L’auteure se remémore le 25 Décembre 1944, ce Noël fêté au bloc par des françaises et des polonaises autour d’un sapin, d’une crèche décorés de bouts de chiffons volés un peu partout, une soupe, un chou, des pommes aussi dérobés pour un instant de grâce, le risque de mort mis en sourdine, subi au quotidien mais défié aussi parfois pour se sentir alors vivantes et solidaires.

    Autre parenthèse toute aussi irréelle est le récit du voyage en train de huit détenues transférées à Ravensbrücke évoquant entre elles, l’étendue des épidémies endurées au camp pour chasser du compartiment, des femmes SS envahissantes; le souvenir encore de ce geôlier SS connu de toutes pour sa cruauté, retaillant en gare de Berlin, le lacet défait d’une déportée déchaussée, de cet autre, prêtant aimablement un briquet pour allumer la cigarette de la narratrice. Mais la discipline s’était relâchée et les tortionnaires, une valise de vêtements civils à portée de main retrouvaient un zeste de civilité alors même que se délitait le contexte de la barbarie institutionnalisée.

    mesure de nos jours

    Sujet du troisième récit, le retour vers la vie d’avant fait ressortir une impression première de désillusion et d’amertume. La communauté des vivants n’offre aucune facilité, aucune place particulière à ces revenantes dont l’agonie subie en Allemagne demeure occultée: l’inconcevable expérience n’est décidément pas soluble dans la vie normale. Tenter d’oublier et se taire pour retrouver une place dans une société peu disposée à se remettre en question à l’audition des sacrifiés de l’Histoire, telle fut en règle générale la pressante invite. Il faut rappeler ici que le procès des collaborateurs français du nazisme se referma au nom de la réconciliation nationale, sans que la justice -corrompue elle-même- ait pu jeter ses filets aussi loin que nécessaire. On extirpa de la très longue chaîne des responsabilités des milliers de fonctionnaires zélés (dont Bousquet et Papon deviendront avec quelques autres, les figures emblématiques, quarante ans plus tard). Quel sens donner alors au combat contre l’occupant des fusiliers du Mont Valérien, des déportés d’Auschwitz et de tant d’autres quand les affidés de l’ennemi d’hier se trouvent absous à la libération? Quand les plus grands esprits au lieu de se soulever se sont réfugiés dans une neutralité prudente, comme Jean Paul Sartre, héraut d’une œuvre théâtrale autorisée par la censure et nommé professeur en remplacement même d’un collègue israélite, chassé par le régime.  Sans parler des nombreux artistes, tels Maurice Chevalier ou Tino Rossi régalant pendant toute la guerre, avec un état d’esprit complice, leurs auditoires franco-allemands et exemptés de toute condamnation fût-elle morale, à la libération! La désormais attachée au CNRS, aux côtés d’Henri Lefebvre, redresse pourtant l’échine en évoquant dans ce livre, le parcours des camarades, à l’issue de leur captivité. L’expérience du malheur absolu forme « une connaissance inutile » qui ne vaccine guère pour l’avenir et ne préserve pas des mesquineries du monde ordinaire. Mais le soleil brille toujours dans les cœurs, lors des retrouvailles: la fraternité des camarades est restée jusqu’à la mort de chacune, incommensurable!

    L’œuvre de Charlotte Delbo est le fruit de l’engagement de sa seconde vie toute entière, celui d’une intellectuelle porte parole légitime dans l’élaboration d’un vivant témoignage sur l’horreur des camps nazis, au nom d’un impérieux devoir de solidarité vis à vis des disparues, nourrir la mémoire et la conscience collective. Elle nous révèle aussi qu’aucun totalitarisme ne peut venir à bout d’un idéal de résistance à l’oppression, dont l’exemplarité s’imposait dans une France Pétainiste. Elle nous enseigne encore que l’expérience extrême soude les plus fortes solidarité. L’auteure consacrera d’ailleurs un livre au portrait des deux cent trente déportées du convoi du 24 Janvier 1943 dont cent quatre vingt une disparaîtront dans les camps. Elle nous montre enfin la valeur de la poésie qui parsème le récit, comme un parfait outil non d’idéalisation de ses propres blessures -le refuge narcissique parfois de l’écrivain- mais de sublimation des pires souffrances et du dénuement absolu générant contre l’instinct de conservation de soi, celui des autres, marquant ainsi l’échec d’un système d’écrasement de la solidarité et de la fraternité.

     

     

    Download PDF

  3. Un héros

    octobre 20, 2012 by Jacques Deruelle

    Toute famille est le produit d’une classification, père, mère, fils, fille, synonyme d’identification à un jeu de rôles. Ces mots clés recouvrent des postures identitaires et symboliques, des repères idéologiques destinés à donner du sens, à la base de notre humanisation.

    Or le pouvoir d’imposition parental ou ses carences peut s’écarter de l’idéal-type au point d’aboutir au sacrifice d’un fils aîné victime d’un véritable parcours de combattant dans sa quête existentielle. Il faut du courage à Félicité Herzog pour mettre à nu les ressorts intimes d’un naufrage familial masqué jusque là par une puissante mythologie, à travers son livre, «un héros», opposant à la force du mythe qui déréalise celle de la création littéraire qui redonne au récit sa forme humaine et décode le vécu et ses traumatismes.

    De ce tableau familial acidulé émerge Marie Pierre de Cossé Brissac la figure maternelle, Directrice de l’Unesco agrégée de philosophie, qui s’est érigée en modèle d’intelligence et de culture en omettant de livrer à sa progéniture les clés d’un développement harmonieux, inapte à s’extirper de son milieu intellectualisant pour pénétrer le monde de l’enfance et de l’adolescence. Un exercice maternel de démultiplication avorté ici faute d’affichage d’un tendre dévouement éducatif délégué aux seules nurses et aux pensionnats religieux, une lacune qui se reproduit à chaque étage de la lignée.

    Marie Pierre s’est émancipée d’une existence de riche châtelaine vouée aux mondanités en épousant Simon Nora (anagramme de Aron) militant communiste, futur conseiller des princes et concepteur avec Jacques Delors du projet de «nouvelle société» enterré sous Pompidou, pour tenter une expérience féministe et conjurer l’ antisémitisme pro allemand de son propre père, le Duc de Brissac.

    En seconde noce, elle se marie avec Maurice Herzog, le Secrétaire d’État aux sports du Général de Gaulle, auréolé de sa victoire, une première sur l’Annapurna, un des plus haut sommet du monde, et renoue à travers cette alliance prestigieuse avec ses racines.

    Mais sitôt la figure tutélaire du Général disparue, cette union entre une aristocrate surdouée et un aventurier parvenu au sommet d’une carrière politique puis d’homme d’affaires influent apparaît contre nature et se dissout.

    Félicité la puînée n’a éprouvé dans son inventaire des repères familiaux que l’image d’un père rare et malsain, à la sexualité obsessionnelle, pour qui le corps de sa propre fille s’apparente aux objets sexués immortalisés par le photographe David Hamilton, un conquérant jusqu’au boutiste au mépris de la fraternité de cordée, boulimique de sa propre légende inscrite dans la chair boudinée de ses extrémités, devenu administrateur de sociétés et du CIO mais aussi trouble protecteur de jeunes filles au pair ou d’étudiantes en quête de séjours linguistiques.

    L’auteure désavoue enfin l’admiration quasi filiale que Maurice Herzog développe pour son nouveau mentor, Jean Marie Le Pen croisé lors d’un dîner, une flétrissure qui rappelle l’indigne posture vichyssoise des grands parents pendant la seconde guerre mondiale, quand le curé et le maire du village montraient seuls l’exemple de la vertu en faisant traverser la ligne de démarcation proche aux réfugiés.

    Comme «des gens très bien» d’Alexandre Jardin, auquel sur ce thème, il s’apparente, «un héros» a pour fonction aussi de purger de ses faux semblants l’historiographie familiale et permettre à la mémoire d’exercer sa résilience. Mais, hors ces quelques bribes fécondes, l’histoire de la collaboration par affinité idéologique entre l’aristocratie industrialo-financière, son personnel politique, tous détenteurs de bibliothèques garnies  d’ouvrages à croix gammées,  le pétainisme et le nazisme reste à écrire.

    Toute mythologie révèle des comportements archaïques, notamment des infanticides comme chez les premiers Dieux Grecs dont Cronos, ingurgitant ses enfants pour demeurer sans rival. Chez les humains dépourvus d’empathie, l’infanticide peut résulter d’un processus inconscient d’abandon.

    Laurent Herzog le fils aîné conçu pour perpétuer la suprématie aristocratique ne parviendra jamais à se hisser à la hauteur de ses modèles parentaux, sombrant très tôt dans le délire mystique, la confusion mentale  infligeant même des punitions à sa jeune sœur en portant atteinte à son intégrité physique.

    Atteint d’une schizophrénie demeurée sans soins, il ira se jeter dans le vide du haut d’un pont échappant miraculeusement à la mort, dans une tentative qui évoque un double échec, celui d’une traversée issue du modèle maternel et celui d’une ascension tirée du modèle paternel. Alors, les tourments et les déchirements émotionnels de ce frère tour à tour aimé de sa sœur puis craint et fuit, victime du désintérêt de sa famille et en proie à ses fantômes, hôte des cliniques psychiatriques, fugueur, aventurier des sous-bois et vagabond conduit inexorablement cet être fragile vivant dans l’insécurité permanente, à la crise cardiaque, fatale à l’âge sacrificiel de trente quatre ans.

    Pour la narratrice, héroïne de ce roman familial qui a su échapper aux risques de la dissociation mentale entre fascination juvénile pour les apparats et la magnificence de la châtellenie de Brissac, la profondeur des bois, le mystère des marais, et le pressentiment vital d’un monde ancien et dépassé collectionnant des trophées de chasses, pauvres emblèmes mortifères, trouver une place éminente dans le monde social en quo-dirigeant une filiale d’Areva, une fois frottée, à la fois forte de son patronyme et fragilisé par lui, aux réalités de l’entreprise néo-libérale américaine, anglaise et française, le triptyque de l’excellence commerciale,  pour fonder un foyer comprenant trois enfants, l’enjeu, contre le cycle accidenté de sa propre lignée  est de réussir d’avantage le défi de sa propre transmission que la tradition familiale  de glorification de soi.

     

     

     

     

     

    Download PDF